L’association Monitoring art et culture organise, à Yamarou photo, une formation en scénographie et accrochage à l’endroit de 12 jeunes maliens. Cet atelier d’un mois entend préparer la relève dans un domaine peu connu au Mali.
La scène artistique malienne bouillonne ces dernières années. La photographie, les arts plastiques ou encore le théâtre font partie des disciplines qui suscitent le plus l’engouement chez la jeune génération. Ces disciplines sont également en partie celles qui enregistrent le plus d’expositions ou de représentations au Mali. Et qui parle d’expositions d’art ou de la représentation d’une pièce de théâtre parle évidement de scénographie et d’accrochage. Mais le hic c’est que le pays compte très peu de scénographes professionnels actifs.
Mahamadou Doumbouya est pratiquement le seul qui exerce le métier de scénographe au Mali et est parfois confronté à un surplus de travail. C’est dans l’optique de susciter l’amour et l’intérêt de la nouvelle génération pour la scénographie et l’accrochage que ce dernier à travers l’association Monitoring arts et culture qu’il préside, a décidé avec le soutien du Fonds Maaya, d’organiser d’une formation en scénographie et accrochage. Cette formation, selon lui, permettra de valoriser ce métier d’art qui n’est pas encore enseigné comme discipline à part entière dans nos écoles de formation technique en art et culture.
Préparer la relève
L’objectif de cet atelier, à l’en croire est de préparer la relève. Pour ce faire, il faut former des jeunes. « Les jeunes ne connaissent pas vraiment ce métier. C’est peut-être dû au fait que très peu de personnes le pratiquent dans notre pays. Je me suis intéressé à la scénographie depuis les années 96 dans le cadre biennale africaine de la photographe qu’accueille la capitale malienne tous les deux ans. Je suis pratiquement le seul qui pratique ce métier au Mali. Et je me dis qu’il faut que cela change. Je commence à prendre de l’âge et je pense qu’il est de mon devoir de préparer la relève », nous explique le formateur.
Mahamadou Doumbouya est assisté dans cette formation par le jeune artiste peintre malien Boubacar Baba Tandina, l’un des rares jeunes à s’intéresser au métier de scénographe. « On apprend aux bénéficiaires comment faire la lecture d’une exposition sans être dérangé par l’esthétique ou même la vue de l’ensemble, comment accrocher une œuvre. On leur apprend également comment faire la synchronisation de l’accrochage et l’esthétique de l’exposition. Ces aspects permettent de faciliter la visite d’une exposition », nous explique Tandina.
La scénographie et l’émotion
Actrice-comédienne, Kadiatou Diarra est l’une des participantes à la formation. Elle estime que la connaissance en scénographie est très importante pour elle en tant que comédienne qui travaille toujours sur la scène. « Pour être un bon comédien, il faut maitriser la scène et qui parle de maitrise de la scène parle de la scénographie par ce que c’est elle régit en quelque sorte la scène », nous explique celle qui entend également ajouter la scénographie théâtrale à son arc artistique.
« J’ai déjà pas mal de notions en scénographie et accrochage après quelques jours de formation. Nous avons surtout appris, lors des premières séances, l’importance de la scénographie dans l’art. Je sais déjà comment on réalise la scénographe et l’accrochage. Nous avons un formateur très expérimenté et j’espère qu’à la fin de la cette formation je pourrais réaliser tout seul une scénographe d’exposition au Mali et pourquoi pas ailleurs », espère Souleymane Touré.
La scénographie est une technique artistique et esthétique qui consiste à conférer à une exposition d’œuvres d’art, une certaine logique historique, une visibilité, une bonne manière d’ajuster les œuvres d’art en accord avec l’espace. Mais au-delà de ces aspects, la scénographie selon le professeur d’esthétique et critique d’art malien Chab Touré, met de l’émotion dans les œuvres de l’artiste.
La restitution
« La scénographie est très importante dans l’art. Elle permet aux gens qui visitent une exposition de ressentir une émotion. Car ce qu’on demande à une œuvre d’art c’est de provoquer de l’émotion et la scénographie permet justement de mieux ressortir cette émotion que l’artiste essaye de véhiculer dans ses œuvres », explique Chab Touré qui a intervenu à la formation le 5 août dernier à travers un module sur la technique de l’esthétique d’art.
Soucieux d’offrir des opportunités de travail aux jeunes formés, les initiateurs de l’atelier entendent tisser un partenariat public-privé à travers une collaboration avec la Maison africaine de la photographie du Mali, le Musée national du Mali ainsi que des associations culturelles et des galeries maliennes et internationales.
En guise de restitution, il est prévu à Yamarou photo, une exposition d’art dont la scénographie et l’accrochage des œuvres seront assurées par les jeunes former. Les participants recevront également des attestations à la fin de la formation.
Youssouf Koné