Les phases éliminatoires de la 10e édition du concours de rap Kôrè Hip-hop battent leur plein au Centre Culturel Kôrè de Ségou (CCK). Démarré le 7 septembre dernier, le concours met en lice une trentaine de jeunes rappeurs de la ville de Ségou et d’autres localités de la région. En 10 ans d’existence, Kôrè Hip-hop est devenu une fabrique de jeunes rappeurs au Mali.
Les arts urbains notamment le rap est l’une des disciplines les plus en vogue chez les jeunes qui font plus de 60 % de la population malienne. Après la capitale Bamako, la ville de Ségou est en pole position pour être la prochaine métropole de cet art issu du hip-hop. Cela en partie grâce à Kôrè Hip-hop considéré aujourd’hui comme une fabrique de jeunes rappeurs.
L’un des plus grands obstacles, aujourd’hui, à l’émergence de jeunes talents musicaux demeure le manque d’espace d’expression et de promotion. Les jeunes sont nombreux de nos jours à s’intéresser aux arts urbains et ont plus que jamais besoin de cadres propices à l’éclosion de leur talent. Chose que le Centre culturel Kôrè de Ségou (CCK) semble avoir compris en mettant en place des espaces de découverte, de formation et de promotion pour les jeunes artistes dont le concours Kôrè Hip-hop qui devient incontournable dans l’espace artistique ségovien.
Professionnaliser le rap
Initié en 2014 par le Centre Culturel Kôrè en collaboration avec les autres membres du Groupe Kôrè Art & Culture (GKAC) composé de la Fondation Festival sur le Niger, l’Institut kôrè des arts et métiers et l’hôtel Savane de Ségou, le concours Kôrè Hip-hop est à sa 10e édition cette année. Dix (10) ans de découvertes, de formation et de promotion de jeunes passionnés d’art et notamment du rap. Cette 10e édition est soutenue par le projet Donko Ni Maaya de GIZ.
Kôrè Hip-hop entend contribuer à la professionnalisation des jeunes rappeurs. Qui dit professionnel, parle de formation et d’encadrement. Ainsi, à chaque édition, les jeunes sélectionnés, à la suite d’un appel à candidature, sont formés avant le démarrage du concours. La tradition a été respectée cette année à travers des ateliers de coaching dans divers domaines avec des artistes invités comme Mylmo N. Sahel ainsi que des professionnels du secteur comme Zackaria Maïga, promoteur du studio de production Zack Prod et Bakary Traoré alias Cherif de Bamako, expert en communication, entre autres.
« Les jeunes ont eu droit à un partage d’expérience avec des rappeurs expérimentés comme Mylmo N. Sahel qui n’est plus à présenter au Mali. L’objectif est de les préparer à affronter les réalités de la carrière professionnelle. Ils ont eu également la chance d’avoir des sessions de coaching en techniques de studio. Ils ont également bénéficié des sessions en communication et le management de carrière musicale. Je crois que ces aspects leur aideront dans leur carrière », espère Mamadou Coulibaly, coordination de Kôrè Hip-hop 2023.
Les innovations
L’une des valeurs prônées par le Centre Kôrè est celle du Maaya qui s’inspire valeurs humaines et culturelles propres à l’Afrique et qui consiste à construire un nouveau citoyen à travers l’approche Art et maaya pour le changement social (AMCS). Cette approche vise à favoriser le changement de comportement positif et faire la promotion de la citoyenneté active. Et Kôrè Hip-hop comme toutes les autres initiatives du Centre à l’endroit des jeunes n’échappe pas à cette règle.
Pour sa 10e édition, Kôrè Hip-hop qui était uniquement concentré sur la ville de Ségou, décide de s’élargir à d’autres localités de la région. Mamadou Yoroté alias Dolokoura est du cercle de Bla. Il a été sélectionné pour cette édition. « C’est une bonne chose qu’ils pensent aux jeunes des autres localités. Nous avons vraiment besoin de ce genre d’opportunités. Ces opportunités, elles sont rares dans notre zone. Je suis très content d’être sélectionné cette année et j’espère que je retournerais outillé et prêt à démarrer une carrière professionnelle dans le rap. »
L’autre innovation de cette édition est l’augmentation du nombre de jours de coaching sur le live qui consiste à faire des répétitions live avec les jeunes en compétition. Ce volet permet de corriger l’un des plus gros défauts dont souffrent plusieurs artistes maliens : l’incapacité à faire des prestations live. Beaucoup ne font que du play-back. Or la maitrise du live est l’une de caractéristiques de tout artiste se considérant comme professionnel.
Un bilan satisfaisant
En 10 ans d’existence, le bilan de Kôrè Hip-hop est positif aux dires de ses initiateurs. « Aujourd’hui, nous avons des rappeurs ségoviens qui prestent sur les grandes scènes aussi bien au Mali qu’ailleurs. Tonton Palmer qui est aujourd’hui une fierté pour le Mali est passé par Kôrè Hip-hop et nous avons beaucoup d’autres jeunes issus de ce concours qui ont aujourd’hui une carrière musicale », nous confie Attaher Maïga, vice-président du GKAC.
La ville de Ségou connait plus en plus de jeunes rappeurs et ne manque pas d’évènements artistiques notamment des concerts rap. Pour preuve, le lauréat de la précédente édition de Kôrè Hip-hop, Caporal NJ donnera un show public le 23 septembre prochain sur le grand boulevard à Médine (Ségou) en avant-goût de son tout premier grand concert prévu en octobre prochain dans la cité des Balanzans . Un show très attendu par la jeunesse ségovienne. « Si je suis devenu ce rappeur aujourd’hui, c’est grâce au concours Kôrè Hip-hop. Ma participation au concours m’a parmi de me professionnaliser. J’encourage tous les jeunes aspirants rappeurs à participer à ce concours. Ils ne regretteront pas », conseille Caporal NJ.
Cet engouement va au-delà de la région de Ségou voire du Mali. « Les rappeurs de Ségou qui participent à des évènements au niveau national et régional se distinguent toujours des autres zones du pays. Nous avons toujours des retours des professionnels du secteur confirmant que les jeunes de Ségou se font toujours distinguer par leur maitrise du live sur la scène. Ce qui reste l’un des points forts de Kôrè Hip-hop. Le candidat malien qui a participé à Morocco festival il y a quatre ans au Maroc et qui avait été classé 4e mondial est un fruit de Kôrè Hip-hop», renchérit Bourama Diarra, administrateur du centre Kôrè.
A l’issue des phases éliminatoires, en cours depuis le 7 septembre dernier au Centre culturel Kôrè, les 6 finalistes bénéficieront des séances de coaching sur le live du 27 au 29 septembre. Ils en découdront ensuite à la grande finale le 30 septembre 2023 au terme de laquelle le meilleur sera désigné par un jury.
Les trois premiers du concours bénéficieront d’un accompagnement de la part des organisateurs à travers la production, la diffusion et la promotion de leurs œuvres durant une année. Ils seront également programmés sur des évènements partenaires comme Rappou Dôgôkun, Le Festival sur le Niger ou encore La parole au Hip-hop.
Youssouf Koné