#Ségou‘Art-FSN19 : panel sur les défis du patrimoine culturel et le tourisme

Un panel autour du thème : « Patrimoine, créativité et tourisme » a été animé le 1 février dans le cadre de la 19e édition du Ségou’Art-Festival sur le Niger. Cette discussion interactive, tenue au Centre culturel Korè de la ville de Ségou a permis aux panelistes, Edmond Moukala, Chef de Bureau de l’UNESCO au Mali et Mamou Daffé, directeur du Centre culturel Korè de se pencher sur les défis et les perspectives des secteurs du patrimoine et du tourisme au Mali et en Afrique.      

L’une des manifestations artistiques phares de la sous-région voire de l’Afrique, Ségou ‘Art-Festival sur le Niger tenait sa 19e édition du 31 au 5février 2023 à Ségou la capitale du Balanzan. Cet événement qui avait été impacté ces dernières années par les crises sécuritaires et pandémiques avait afin retrouvé toute sa ferveur d’antan à l’occasion de cette édition qui aura tenue toutes ses promesses sur le plan de sa programmation artistique et la mobilisation.

panel sur les défis du patrimoine culturel et le tourisme

Outre ces aspects, cette édition du festival a également été active en termes de panels de discussions animés par des experts dans le cadre du colloque de Ségou 2023 placé sous le thème générique « Patrimoine et créativité ». En cette occasion, un panel sur le thème « Patrimoine, créativité et tourisme » a été animé par Edmond Moukala, Chef du bureau de l’UNESCO au Mali et Mamou Daffé, directeur du Centre culturel Korè.

La méconnaissance du patrimoine 

Le désintérêt de la jeunesse africaine pour le patrimoine, la méconnaissance du patrimoine en Afrique, les défis de l’éducation à ces richesses ancestrales, l’apport économique du tourisme, les défis et perspectives de ces deux au Mali et en Afrique ont été entre autres les points assaillants abordés par les deux panelistes et l’audience au cours de ces conservations. 

Edmond Moukala, en définition au mot patrimoine soutient qu’il « constitue les témoignages du passé, le reflet du savoir-faire, les sciences de nos ancêtres. Il est le reflet de ce que tous les grands hommes, les grands royaumes ont pu cumuler, ont transmis aux générations futures. C’est aussi la puissance de notre identité. » Cette richesse, à l’en croire, si elle est bien exploitée, doit nous permettre de faire face aux problématiques du moment que sont des défis du changement climatique, de paix et d’ordre économique.

panel sur les défis du patrimoine culturel et le tourisme

 La Chine, l’exemple parfait

Cependant, l’un des plus grands défis en Afrique reste la connaissance et l’appropriation de cette richesse par la jeunesse. Le Chef de bureau de l’UNESCO au Mali estime qu’il est déplorable de voir d’autres personnes venir, de loin par curiosité, voir ces patrimoines que nous avons alors que les populations locales ne s’y intéressent guère par manque de connaissance de ce patrimoine.

« Le jeune africain ne s’intéresse pas à son patrimoine par ce qu’il a une connaissance limitée, biaisée de ce patrimoine. Je crois que cela est dû au fait que celui qui détenait ou qui détient la vraie connaissance ou la vraie information sur ces patrimoines la garde pour lui au détriment d’un renforcement de pouvoir et de l’inspiration du jeune africain », regrette-t-il.

« La connaissance de soi-même est le plus la grande richesse », lance M. Moukala qui a cité la Chine comme exemple en termes de valorisation de ses patrimoines. Car, à l’en croire, pour valoriser le patrimoine, il faut d’abord le connaitre. « On y va pour se découvrir, pour se ressourcer, pour s’inspirer de son passé afin d’affronter les défis de sa génération. C’est ce qu’ont compris les chinois qui sont des millions de touristes internes qui visitent leurs sites touristiques chaque année. »

En réponse à cette problématique en Afrique et au Mali, le représentant de l’UNESCO au Mali préconise la mise à profit du système éducatif afin d’apprendre aux enfants à connaitre leur culture. « Par exemple en chine, un élève depuis le niveau du primaire est obligé de maitriser deux éléments du patrimoine culturel de son pays et quand il arrive au collège, il devient un amoureux de son patrimoine », explique-t-il.

Une croissance de 15%

M. Mamou Daffé quant à lui, a axé son intervention sur le tourisme qu’il estime connaitre le mieux. Car l’initiateur de Ségou’Art-Festival sur Niger a révélé avoir fait ses débuts dans le tourisme avant de se s’éprendre de passion pour les arts et la culture. Et ce n’est pas fortuit s’il avait misé sur le tourisme qui selon est un secteur dont la croissance augmente beaucoup plus que beaucoup d’autres filières.

panel sur les défis du patrimoine culturel et le tourisme

« Selon l’organisation mondiale du tourisme, ce secteur à une croissance de 4 à 5% par an. Il s’agit ici du tourisme général mais le tourisme culturel a une vitesse de croissance 3 fois plus rapide que celui-là. Ce qui veut dire que ça peut aller à 15% », explique Mamou Daffé selon qui, en se basant toujours sur les statistiques de l’organisation mondiale du tourisme, le secteur touristique constitue 3% du PIB mondial. Mais, selon le conseil mondial du tourisme, le secteur fait une contribution générale de 9, 8 % du PIB mondial et génèrent 9% d’emplois dans le monde donc 2 ou 3 fois que les industries culturelles et créatives.

La richesse de l’Afrique et du Mali en termes de sites d’attraction touristiques est incroyable. Car le continent dispose d’énormes patrimoines qui peuvent attirer le monde entier. Mais, comment matérialiser cette richesse : « La force du tourisme est fondamentalement basée sur l’attraction et le service. L’attraction, c’est le patrimoine mais l’une des meilleures attractions aujourd’hui est l’attraction culturelle et aujourd’hui nous avons cette richesse-là dans nos pays. » Pour M. Daffé, l’Afrique peut rebondir en changeant de paradigme en se basant sur son héritage patrimonial et la créativité de ses artistes.

Parlant des défis du secteur du tourisme au Mali actuel, il évoque deux paramètres qui le handicape à savoir la sécurité et le service : « La mobilité des touristes est fondamentale mais avec la crise sécuritaire cela est difficile. De l’autre côté, il y a le service qui permet de monétiser le secteur. Il faut une professionnalisation des acteurs du tourisme tels que les guides, les restaurateurs, les agences de voyages… Si des pays comme l’Egypte et le Maroc gagnent beaucoup dans ce secteur c’est parce qu’ils savent que c’est une chaine de valeur sûre qu’il faut organiser et rendre performante », explique le directeur du Contre Culturel Korè qui encourage partenariat public-privé dans ces secteurs. Car à l’en croire, un pays ne peut pas se développer sans son secteur privé.

Youssouf Koné/Issouf Koné, Ségou’Art-Festival sur le Niger 2023   

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