Seydou Camara : « C’est un grand honneur pour moi de participer deux fois à Documenta »

Les œuvres de l’artiste photographe malien, Seydou Camara, sont actuellement exposées à Cassel en Allemagne dans le cadre de la 15e édition de Documenta, l’un des événements majeurs au monde dédié à l’art contemporain. Seydou Camara devient ainsi l’un des rares artistes maliens à participer deux fois, et de façon consécutive à ce grand rendez-vous artistique qui se tient chaque 5 ans.

« Korèdugaw », c’est l’intitulé de la série que l’artiste photographe malien, Seydou Camara, expose à la 15e édition de Documenta, considéré comme l’une des plus grandes manifestations consacrées à l’art contemporain au monde. Du 18 juin au 25 septembre 2022, plus de 1800 artistes sont accueillis dans la ville allemande de Cassel pour la célébration de la création contemporaine qui se déroule tous les 5 ans.

Photo : Seydou Camara

Le Mali est représenté à cette édition de Documenta par la Fondation du Festival sur le Niger, avec une importante cohorte d’artistes maliens issu de l’écosystème du Festival sur le Niger, membre du Collectif international Lumbung. Parmi la vingtaine d’artistes maliens invitée, figure le photographe Seydou Camara qui participe pour la deuxième fois consécutive à cet événement après une première participation en 2017.

Une fierté

Documenta, qui entend « documenter l’art contemporain » a été initié en1955 par l’artiste Arnold Bode et l’historien de l’art Werner Haftmannen. L’événement est prisé de par le monde et nombreux sont les artistes, même célèbres qui n’ont pas la chance d’y participer dans leur carrière. Seydou Camara ne cache pas sa fierté d’y être à deux reprises : « C’est une immense fierté et un grand honneur de participer à deux reprises à cet événement. Je remercie la Fondation festival sur le Niger avec à sa tête Mamou Daffé pour cette opportunité. Tous les artistes n’ont pas la chance de participer à cet événement a plus forte raison deux fois de suite. Je me sens vraiment chanceux », explique l’artiste qui y était lors de la 14e édition par le biais de la Galerie Médina de Bamako. Celle-ci avait alors accueilli presque 900 000 visiteurs à Cassel, et environ 340 000 visiteurs dans sa ville partenaire, Athènes.

Photo : Seydou Camara

Pour la sauvegarde du patrimoine culturel

Ce sentiment de Seydou Camara est partagé au sein du collectif Yamarou Photo dont il est membre fondateur : « C’est une grande fierté de voir l’un de nous faire honneur au Mali au-delà de nos frontières. La participation de Seydou à Document répond à l’un des objectifs de Yamarou Photo qui est de contribuer au rayonnement de l’art malien en général et de l’art de la photographique en particulier, surtout que Bamako est la capitale africaine de la photographie », nous confie Sidiki Haïdara, membre du collectif

Artiste engagé pour la préservation et la promotion du patrimoine culturel malien, Seydou Camara a exposé à l’édition 2017, une série sur les manuscrits anciens de Tombouctou, l’une de ses séries à succès. Une manière pour lui de contribuer à la sauvegarde de cette richesse menacée. « Je souhaitais par ce reportage révéler la préciosité, le raffinement, la richesse et le mystère de ce patrimoine et inciter tout un chacun à le découvrir », explique Seydou Camara sur son blog.

Par ailleurs, sa sélection, par la Fondation festival sur le Niger pour Documenta 15, est loin d’être fortuite. Le travail qu’il propose rentrait en droite ligne de la démarche de la Fondation qui a la vocation de promouvoir et de valoriser la culture locale et plus largement africaine. Seydou a, en effet, présenté une série sur la société initiatique malienne « Korèduga », inscrite depuis 2011 sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.

Photo : Seydou Camara

Une réponse aux crises existentielles du monde ?

N’étant pas le premier artiste à travailler sur cette société, l’artiste décide de questionner la philosophie de celle-ci qui prend en compte tous les défis majeurs du monde d’aujourd’hui. « Le bien-être de l’homme et de la société, voire de l’humanité, est au cœur de la philosophie de cette société. Le korèduga prévient la guerre en jouant le rôle de médiateur, il est contre la dégradation de la nature qui entraine aujourd’hui le réchauffement climatique…», nous confie Seydou Camara qui entend non seulement contribuer à la sauvegarde de cette société mais aussi à promouvoir leur culture et leurs valeurs qui, si elles sont connues et mises en œuvre, peuvent contribuer à la résolution des crises existentielles auxquelles le monde est confronté de nos jours.     

L’un des points d’orgue de cette participation malienne à Documenta 15 a été sans doute la parade de la délégation malienne exhibant le savoir-malien et lors de laquelle les photographies des Korèduga de Seydou Camara étaient en vedette. « C’était incroyable avec tous ces artistes maliens qui avec la danse, du théâtre, les marionnettes… ont régalé le public de Cassel. J’ai été ému de voir mes photos tenues par le public, les spectateurs lors de cette parade qui a été une belle réussite pour l’art malien. Je crois que le Mali à fait une participation honorable grâce au professionnalisme de la Fondation festival sur le Niger », apprécie l’artiste.

Photo : Seydou Camara

Les expositions de cette 15e édition de Documenta dont les marionnettes de Yaya Coulibaly, les toiles de Abdoulaye Konate et d’Ange Dakoua et bien sûr les photos des korèduga de Seydou Camara, continuent à Cassel jusqu’au 25 septembre prochain.

Youssouf Koné       

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