La première édition du Salon des industries culturelles et créatives en Afrique de l’ouest (SICCAO) se tient du 20 au 22 octobre 2023 à Ségou. Plus de 30 organisations culturelles venues de 25 pays d’Afrique sont présentes à cette édition inaugurale de ce salon dont la cérémonie d’ouverture s’est tenue le vendredi 20 octobre dernier, à la Fondation Festival sur le Niger à Ségou.
Longtemps réduit à son aspect folklorique au Mali et en Afrique, le secteur de l’art et de la culture est pourtant l’un des plus puissants, présentant plus de 3% du PIB mondial et 3 millions d’emplois dans le monde selon des chiffres de la filiale Proparco du groupe Agence Française de Développement (AFD). Il devient donc primordial pour les États africains et acteurs culturels d’Afrique de repenser la place des Industries culturelles et créatives dans le développement économique de nos pays.
C’est dans cette vision que la Fondation Festival sur le Niger et ses partenaires à savoir le Réseau Kya et le Fonds africain pour la culture (AFC), conscients de l’impact des ICC sur le développement économique, décident de renforcer davantage leurs actions déjà entreprises dans ce sens en initiant le Salon des Industries culturelles et créatives en Afrique de l’ouest (Siccao) qui entend contribuer à l’émergence des industries culturelles et créatives au Mali et en Afrique.
Un secteur prometteur
Cette première édition du Salon dont la cérémonie d’ouverture officielle était placée sous le co-parrainage du ministre de l’Artisanat de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourismes Andogoly Guindo et celui des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop, regroupe plus de 30 organisations culturelles et créatives de l’Afrique de l’ouest, plus de 150 professionnels de l’art, et attend environ 2.000 participants en provenance de 25 pays d’Afrique et d’ailleurs.
Les industries culturelles et créatives sont considérées comme le secteur de l’économie mondiale qui connaît la croissance la plus rapide, avec un taux de croissance estimé à 7 % du produit intérieur brut mondial (PIB). « Ils représentaient 1,1 % du PIB régional en Afrique, 49 milliards de dollars de revenus et 2 millions d’emplois en 2017. Tout ceci démontre à suffisance l’importance et l’impact positif des ICC dans la croissance économique des pays africains. Quand on sait la valeur et la richesse du gisement culturel encore largement inexploité́ » apprend-on de Mamou Daffé, Président de la Fondation festival sur le Niger et directeur du centre culturel Kôrè de Ségou.
Une plateforme internationale d’exposition
Aux dires de sa coordinatrice Bintou Bouaré, dans son discours d’ouverture, ce salon est une plateforme internationale d’exposition et de promotion des industries culturelles et créatives de l’Afrique de l’Ouest. « Il consiste à créer un cadre d’échange, de partage et de rencontre entre les professionnels du secteur créatif de l’Afrique de l’Ouest afin de stimuler les échanges et la collaboration entre les acteurs, les praticiens, les organisations culturelles, créant ainsi l’opportunité de présenter les meilleures pratiques et les innovations du moment afin de contribuer à booster le secteur créatif ouest-africain ».
L’émergence de véritables Industries culturelles et créatives ne peut être une réalité, aux dires du réalisateur et ancien ministre malien de la culture Cheick Oumar Sissoko, sans la mise en place d’un écosystème favorable : « Ce salon est le bienvenu parce que si nous ne mettons pas en place des Industries culturelles et créatives qui seront des entreprises professionnelles avec des administrations, avec des lieux de formation, des lieux de production et des lieux de diffusion, nous allons taper à côté et nous continuerons à faire ces créations que nous faisions depuis la nuit des temps sans pour autant évoluer ».
Le ministre de l’Artisanat de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme Andogoly Guindo, dans son intervention a félicité Mamou Daffé pour sa vision et sa foi opiniâtre en la capacité de la culture à être un puissant levier de développement de notre pays. Le Siccao, à ses dires, comme bien d’autres initiatives, conforte la conviction inébranlable de l’État malien concernant le rôle de la culture dans le processus de développement.
Un cadre d’échange et de partage d’expérience
Faut-il rappeler que ce premier Siccao célèbre la fin du programme ACP-UE culture-AWA (Art in West Africa), un programme qui a soutenu pendant trois ans les secteurs de la culture et de la création dans les 16 pays de l’Afrique de l’Ouest à travers la professionnalisation, le réseautage et le financement de projets structurants. Le programme AWA a été mis en œuvre par le consortium Centre culturel Kôrè de Ségou-Institut français de Paris.
Le programme ACP-UE culture-AWA (Art in West Africa) fait partie des six projets régionaux retenus dans le cadre du programme ACP-UE Culture, initiative conjointe de l’Union européenne et de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), à travers la mise en place du nouveau mécanisme régional décentralisé destiné à renforcer la compétitivité des industries culturelles et créatives dans les pays Acp.
La foire des ICC offrant l’opportunité de visibilité aux entreprises culturelles participantes, le Talk Maaya Bulon, un cadre d’échange et de partage d’expérience avec des acteurs culturels à succès, des tables rondes autour des ICC ainsi que des showcases de musique sont au programme de cette édition du Siccao.
Youssouf Koné