Sona Jobarteh : la voix de l’identité mandingue

Artiste griotte, chanteuse et compositrice fine, Sona Jobarteh est une virtuose de la kora qui s’est illustrée en mélangeant musique traditionnelle, blues et afro-pop, produisant un effet impressionnant porteur d’un style atypique. Sonia est aujourd’hui considérée à juste titre comme une gardienne des traditions, la voix de l’identité culturelle mandingue.

« Je chante en mandingue pour pousser les gens à célébrer ce qui leur revient ! »  C’est la confession récemment faite à la presse internationale par l’artiste compositrice gambienne, Sona Jobarteh. C’était à l’occasion du festival « Dream City », organisé par l’association « Art Rue » du 22 septembre au 8 octobre 2023. Pour sa 9e édition, ce prestigieux festival a accueilli celle qui est considérée par les critiques comme la « première femme virtuose professionnelle de la kora ».

Sona Jobarteh : la voix de l’identité mandingue

Issue d’une des dynasties de griots d’Afrique de l’ouest, Sona Jobarteh a ébloui le public de Tunis le 24 septembre 2023 (au Théâtre municipal) par son dernier album « Badinyaa Kumoo », (sorti en septembre 2022). Une combinaison de son traditionnel répertoire et héritage gambien avec le jazz, le blues et le RNB/soul.

Née dans une famille de griots

Compositrice, chanteuse et instrumentiste, Sona a très tôt appris la kora (un instrument atypique et énigmatique de la culture mandingue) avec son frère Tunde Jegede et son père Sanjally Jobarteh. «Je suis née dans une famille de griots. Et la Kora est incrustée dans la tradition de ma famille. Les membres de ma famille ont ainsi le droit de jouer à quelques instruments qui appartiennent justement à cette grande famille des griots. Je suis arrivée à jouer la kora, suite à cette appartenance », a-t-elle confié à la presse lors de son passage à Tunis, en Tunisie.

«Mon père nous a appris, mon grand frère et moi, à jouer de la kora. Mon frère a commencé à l’apprendre très jeune et moi à l’âge de 17 ans. Ce sont, donc, mon père et mon grand-frère qui m’ont permis de plonger dans la kora. Et de là, j’ai commencé à créer mon propre style et ma propre version de la musique traditionnelle, en ramenant des influences de différentes expériences que j’ai eues dans ma vie», a-t-elle ajouté. La virtuose Sona a passé beaucoup de temps entre l’Angleterre et la Gambie. On comprend alors que son style musical soit un savant mariage en son héritage africain et son vécu européen.

En effet, à la différence de nombreux artistes de sa génération, elle n’est pas trop séduite par la fusion avec des approches plus contemporaines, hip-hop, rock ou jazz. Elle préfère plutôt d’explorer et développer les racines de la musique traditionnelle africaine. En plus de jouer de la kora, elle chante et joue de la guitare. Sa carrière solo est riche de quatre albums qui sont autant de chef-d’œuvres. 

Carrière riche et prometteuse

Il s’agit notamment de «Afro Acoustic Soul» (Sona Soul Records, 2008), «Motherland: The Score» (African Guild Records, 2010), «Fasiya» (African Guild Records, 2011) et «Badinyaa Kumoo» (African Guild Records, 2022). Sonia a été aussi productrice et artiste invitée sur «Light in the Shade of Darkness» de HKB FiNN (2008), productrice et artiste invitée sur «Spoken Herbs» (2006). Artiste invitée sur « Nu Beginin’, de Ty2 » (2007), elle a été présente sur «500 Years Later-Music of the Diaspora Soundtrack » (Souljazzfunk, 2006).

Sona Jobarteh : la voix de l’identité mandingue

Il faut rappeler que Sona Jobarteh est née en 1983 à Londres, d’une mère Anglaise et d’un père Gambien. Elle est issue d’une des principales lignées de griots d’Afrique de l’ouest. Elle est la petite-fille d’Amadu Bansang Jobarteh, un maître griot manding. Sœur de Tunde Jegede (un joueur de kora de la diaspora), Sona est aussi la cousine des Toumani et Madou Sidiki Diabaté. Elle est la première femme membre de cette famille à jouer la kora en public. Avant elle, la pratique de l’instrument était exclusivement transmise de père en fils. Il faut souligner que Sona a souvent partagé la scène de nombreux musiciens, dont Oumou Sangaré, Toumani Diabaté, feu Kassé Mady Diabaté, l’Orchestre symphonique de la BBC…

Et ce n’est sans doute qu’un début pour l’héritière des virtuoses mandingues de la kora qui ne cesse de mettre le showbiz mondial à ses pieds !

Moussa Bolly

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