Dix (10) jeunes auteurs et quinze (15) jeunes comédiens ont offert sept pièces de théâtre reflétant les dures réalités des populations du quartier de Dialakorodji (Bamako), le samedi 16 décembre dernier, à la faveur de la restitution de la formation « Doniblon », une initiative de l’association culturelle Anw Jigi Art qui entend contribuer à l’émergence de jeunes dramaturges locaux. Ce projet a pu être mis en œuvre avec le soutien de la fondation Doen.
La pénurie d’eau, le délestage, l’état dégradant des routes, le banditisme grandissant, le chômage… ce sont autant de maux qui minent le quartier péri-urbain de Dialakorodji qui ont été touchés de mots par les jeunes comédiens, porteurs de messages d’auteurs qui n’ont fait qu’une retranscription de la réalité du quotidien des populations. Il s’agit des pièces représentées lors de la restitution de la formation « Doniblon » (le vestibule du savoir), tenue samedi dernier à Dialakorodji.
Il y avait de l’actualité mais aussi de la réalité voire du quotidien des populations de ce quartier dans les cours familiales qui ont servi de planchers. En effet, des familles de la zone montagneuse de Djalakorodji abritant le siège de l’association culturelle Anw Jigi ont servi d’espace de représentation des sept pièces de théâtres issues du volet «Drama actora» de la formation «Doniblon», initiée par l’association et qui a permis de former durant 2 mois, 10 jeunes auteurs et 15 jeunes comédiens.
Une pénurie de dramaturges locaux
A travers ce projet, Anw Jigi Art entend contribuer à la fabrication de dramaturges contemporains locaux au Mali.Constat ? Le pays d’Amadou Hampaté Bâ et d’Adam Konaré ne manque certes pas d’écrivains. On assiste d’ailleurs à une floraison d’auteurs en herbe. Mais, le hic, c’est qu’on déplore un manque criard de dramaturges. Parmi la nouvelle génération d’auteurs, il y en a très peu qui s’intéressent à l’écriture dramatique. Toute chose qui entraine une pénurie d’auteurs de théâtre au Mali. Des dramaturges qui vivent nos réalités et qui peuvent les raconter.
« La plupart des pièces que nous jouons au Mali sont des textes d’auteurs étrangers, tout simplement parce nous avons très peu d’auteurs de théâtre au Mali notamment parmi la nouvelle génération. Nous pensons qu’il est primordial de former des dramaturges qui vont porter notre message, raconter nos réalités », explique Assitan Tangara, directrice d’Anw Jigi Art selon qui le programme « Doniblon » comporte deux volets principaux : « Drama actora » et « Dialakorodji Event » qui s’inscrivent dans une vision de développement communautaire.
Une scène ouverte
L’une des particularités de « Doniblon », c’est qu’il redonne au théâtre sa fonction sociale, un art populaire qui transcende les codes établis en sortant des cadres classiques de diffusion de théâtre. L’art s’immerge dans les maisons au plus près des populations afin de transmettre un message, sensibiliser, interpeller et dénoncer. Un message accessible à tous car les initiateurs de « Doniblon » ont décidé que les pièces soient écrites en bamanankan, l’une des principales langues du pays.
Quant au volet « Dialakorodji Event », il se veut « une plateforme dédiée au soutien des jeunes talents et aux femmes. Une scène ouverte, un lieu de diffusion et d’accompagnement, de rencontres, de sensibilisation et de formation ». Ce volet consiste également à organiser des rencontres mensuelles -hors cadre artistique, autour des discussions, des échanges notamment dans des tontines des femmes, des grins et des écoles afin d’informer et sensibiliser sur divers sujets tel que l’entreprenariat et l’autonomisation des femmes.
Youssouf Koné
