Théâtre : « Et si je les tuais tous madame » ou le désarroi d’une âme

Le samedi 4 juin 2022, au Centre culturel LE FIL (Bamako), a eu lieu la représentation du spectacle « Et si je les tuais tous madame ». Un texte du dramaturge burkinabé Aristide Tarnagda, avec une mise en scène assurée par Diarrah Dembele.

En prélude, de la musique. Les spectateurs, venus en nombre important pour voir le spectacle, ont d’abord été servi par un live à l’entrée de Le Fil. Une innovation dans cet After Work, initié depuis quelques mois maintenant, avec notamment la lecture du texte « Chasser les fantômes » de Hakim Bah, lu par les comédiens Fama Mademba Sacko et Sianwa Isabelle Koné, dans une mise en bouche de Mohamed Diané.

Au programme de ce samedi 4 juin, une représentation, « Et si je les tuais tous madame », très vaste par sa théâtralité, autant dans la forme que le fond. Jouée par trois comédiens dont deux jeunes hommes, Mohamed Diarra et Oumar Fantié Dembele et la comédienne Fanta Koné. La mise en scène, quant à elle, a été assurée par la comédienne Diarrah Dembélé.

Loin des siens

Quand le rideau se lève, les trois artistes sont déjà sur scène. On les aperçoit dans la pénombre, assis côte à côte, presque dos à dos. Sur une palette. « Ça doit être terrible de mourir à l’étranger », cette phrase, la première, expulsée par Lamine, le personnage central de la pièce, qui s’aventure au-devant de la scène, donne un avant-goût de ce qui suivra. En effet, il est loin des siens.

Deux torches allumées, tenues par les deux autres personnages, accompagnent Lamine dans sa « confession », entrecoupée d’un moment à l’autre par des répliques. Puis, jaillissement subite des lumières de la salle, coïncidant avec la mort de celles des torches. Une mise en scène remarquable par sa sobriété. Très peu d’éléments ont suffi pour tenir le spectateur en haleine, du début à la fin du spectacle.

Un homme qui souffre

Traqué par ses pensées, Lamine est à l’étranger où il vit désormais comme un « dozo ». Pour rien au monde, il ne doit rentrer bredouille car son honneur en dépend, se dit-il. A un carrefour, il profite d’un feu rouge pour extérioriser ses peines qu’il essaie de partager avec une inconnue. Comme une pluie torrentielle du mois d’août, les mots de Lamine arrosent la dame qui n’a pas l’air de se soucier de la souffrance de « cet inconnu ».

La pièce, visiblement un monologue, met en scène plusieurs comédiens qui n’existent que dans les pensées de Lamine : son ami Robert, sa compagne, son fils et tous les siens. Il est harcelé par ses pensées qui l’affaiblissent au fur et à mesure qu’il se confie. Pas de solution, que des problèmes. Lamine ne tient pas sous le poids du fardeau que la vie pose sur ses épaules. Des envies illicites, contre son gré, finissent par élire domicile en lui.

Un texte d’une puissance remarquable auquel Diarrah Dembele et ses comédiens ont su donner vie. En effet, ils sont nombreux dans le cas de Lamine, torturés mentalement par le poids des responsabilités qu’ils ont du mal à assumer. Accablés par la vie, se confier devient en quelque sorte thérapeutique pour eux. Sauf que tout le monde n’a pas forcement envie de nous écouter étancher notre soif de confession.

Tombé sur la mauvaise personne, Lamine devra peut-être attendre que le feu passe à nouveau au rouge. Une autre occasion pour lui peut-être, d’aborder une autre personne qui compatira et qui lui dira si “les tuer tous” est une bonne idée ou pas.

Issouf Koné

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