Théâtre : « Juste savoir », juste agir !

La pièce de théâtre « Juste savoir », du dramaturge togolais Joël Amah Ajavon, représentée le 23 décembre dernier par l’Association Studio Monopole, se dresse comme un réquisitoire contre la condition des enfants victimes de la séparation de leurs parents.  

C’est un public hétéroclite, massivement sorti qui a pris d’assaut ce soir du vendredi 23 décembre 2022, la salle Le Bougou (la case) du Palais de la culture, à la découverte du spectacle « Juste savoir ». Un texte porté sur scène par deux comédiens : Abdoulaye Magané et Marie Raïssa Zaï Coulibaly interprétant respectivement le rôle du père et de la fille.

La trame de la pièce « Juste savoir » (1h10 mn) met en scène un père et sa fille, avec comme toile de fond, le reniement de l’enfant par son géniteur après la séparation de ses parents. Mais, la narration du texte s’accentue plus sur la problématique de la condition des enfants victimes de divorce de leurs parents. Que deviennent ces enfants qui sont privés, soit de la présence du père ou de la mère dans leur vie ? Méritent-ils de subir les conséquences du divorce de leurs parents ? Quel avenir pour ces enfants ?

Juste savoir

Victimes collatérales 

Ce sont autant de questionnements sur lesquels le spectacle attire l’attention du spectateur. Cette pièce qui été adaptée pour l’occasion (le texte orignal met en scène un père et son fils) n’apporte pas de réponse directe au spectateur. Elle lui donne plutôt une grande ouverture sur le fléau dont les conséquences peuvent variées selon le contexte et les protagonistes.          

En effet, la question de la condition des enfants monoparentaux doit être vue sous plusieurs angles dans nos sociétés. Certains perdent l’un de leur parent, d’autres sont reniés par leur père parce que ce dernier ne reconnait pas l’enfant comme le sien. Cette dernière catégorie relevant généralement de l’irresponsabilité du père à reconnaitre son enfant n’est pas rare dans nos sociétés, notamment africaines. Mais l’angle sous lequel Juste savoir traite la question est assez complexe puisqu’il concerne un divorce suite à quoi, dans la plupart des cas, la garde de l’enfant ou des enfants surtout de bas âge est confiée à la mère. Plusieurs facteurs sous-jacents entrent en jeu. Et l’enfant ou les enfants se retrouvent à subir les conséquences des actes dont ils ne sont que des victimes collatérales. 

Si certains enfants arrivent à échapper à la rue, d’autres y sont malheureusement livrés et finissent par y être liés. L’absence d’un parent, surtout du père peut faire basculer la vie d’un enfant. L’éduction familiale et académique pour certains devient problématique. Si dans « Juste savoir » la fille échappe à tout cela, elle reste tout même affectée par l’absence de son père notamment sur le plan affectif.

La responsabilité des parents

La pièce se dresse aussi comme un réquisitoire contre la condition des enfants de la rue mais aussi contre les violences faites aux femmes. Car si la jeune fille se retrouve sans père dans sa vie c’est parce que sa mère a décidé de quitter son père violant qui qui la battait.

Juste savoir

« Juste savoir » est une pièce qui pointe du doigt la responsabilité des parents divorcés vis-à-vis de leurs enfants quelques soient les causes de leur séparation. Leur responsabilité à les protéger et à en faire des parents responsables de demain.

Le texte a été bien interprété par les deux comédiens qui ont su le porter avec une maitrise presque parfaite tant sur le plan textuel qu’émotif. Ils ont dans leur rôle respectif donné à ce spectacle l’allure d’un ascenseur émotionnel dont le parcours a été agrémenté par moment par la voix suave et envoutante de l’artiste Niaka Sacko, accompagnée par des sonorités apaisantes du claviériste Drissa Kouyaté et le N’Goni joué par Mohamed Kamissoko. Quelques scènes d’humour permettent aussi au spectateur respirer tant le sujet suscite de l’émotion.

Un programme de sensibilisation

La mise en scène de le pièce assurée par l’acteur Magané, assisté par Levis Togo, est minimaliste. Deux tabourets et un tapis de prière ont été les accessoires présents sur la scène. Cela a rendu fluide le déplacement scénique des comédiens. La pièce a également bénéficié de la touche scénographique de deux jeunes scénographes promoteurs. Il s’agit de Diarrah Dembélé et Mohamed Diané. L’un des facteurs de réussite de ce spectacle est sans doute sa régie son et lumière sous le contrôle de Kassim Dagnoko.  

Juste savoir

Ce spectacle est le premier de la jeune Association culturelle Studio Monopole porté sur les fonts baptismaux il y’a un peu plus d’un an par des jeunes étudiants et professeurs du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké de Bamako. L’Association regroupe en son sein tous les corps de métiers du théâtre. Ce coup d’essai est un coup de maitre tant sur le plan artistique que sur celui concernant la mobilisation des spectateurs. C’est d’ailleurs l’un des spectacles ayant drainé le plus de monde ces dernières années. 

Cependant, « Juste savoir » va au-delà d’un simple spectacle. C’est un programme de sensibilisation, un projet porté par la comédienne Marie Raïssa Zaï Coulibaly qui vise un objectif : interpeller notre société sur la condition difficile des enfants, notamment ceux vivants dans la rue ou qui manquent d’assistanat. C’est pourquoi plusieurs représentations sont prévues dans plusieurs localités du pays afin d’atteindre le plus de monde possible.

Youssouf Koné   

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