Le Centre culturel Korè de Ségou, dans le cadre des activités de son Week-end culturel qui s’est étendu sur deux jours, les 27 et 28 septembre 2024, a présenté à son public, dans la nuit du 27, un drame dénommé « Ma rivale, la mitraille », une création de la compagnie Kéné Art. Le texte est de Joël Amah Ajavon, la mise en scène de Akim Diallo.
Plusieurs thèmes, tous étroitement liés. Ma rivale la mitraille, pour un sujet de soutenance de l’étudiant Joël Amah Ajavon, est une belle entrée en matière dans le monde professionnel. L’auteur a joint son pinceau à la peinture d’une société en proie à des dilemmes auxquels sont confrontés soldats, femmes au foyer, journalistes et jeunes chômeurs. Il a placé, au cœur de son intrigue, la situation d’un militaire coincé entre son devoir de soldat et l’amour d’une épouse qui ne désire qu’une chose : le voir vivre à ses côtés loin des bruits des canons.
Une trame bâtie suivant les peines de ce soldat éprouvé suite à la mort de sa mère tuée par des terroristes. Il veut la venger coute que coute pendant que sa femme, éperdument amoureuse de lui et craignant pour sa vie, essaie en vain de le convaincre de ne pas se rende à la guerre. Il s’y rend tout de même au nom du devoir militaire. Déterminée, la femme le rejoint au front ou tous les deux trouverons la mort, alors qu’elle attendait un enfant de lui. « J’ai compris à travers cette pièce que dans la guerre, tout le monde est perdant, personne ne gagne », dira un spectateur pendant les questions réponses qui ont suivi le spectacle.
« La pièce met deux choses très importantes en avant : l’amour de la patrie et aussi la force de l’amour d’une femme pour son mari. L’homme au final choisira la patrie. L’auteur, de par ce choix narratif, veut imposer la force de la tenue militaire », confiera Akim Diallo, metteur en scène sur le projet.
La pièce, en une cinquantaine de minutes, interpelle d’une manière générale sur les méfaits de la guerre, sur la situation des jeunes sans emploi qui sont des proies faciles pour les extrémistes violents. Ces jeunes embobinés qui intègrent les groupes terroristes pour de multiples raisons : la recherche du paradis ou la quête de l’argent.
Tous sortants du conservatoire, les membres de Kènè Art, depuis 2019, essaient de mettre l’accent, à travers l’art, sur ces situations d’urgence que traverse le Mali depuis 2012. Ils font des interventions dans les espaces publics, au sein des familles et dans les écoles pour interagir avec le public, en particulier avec les jeunes qui ont besoin d’un horizon prometteur.
Le choix de cette pièce, un travail de soutenance de l’étudiant Joël Amah Ajavon vient accentuer ce travail d’appel à une prise de conscience. Écrite de base en français, elle a, en partie, été traduite en bambara pour une forte transmission du message.
La mise en scène, bien que sobre, est assez captivante. En quatre tableaux, avec pour seul décor apparent le rideau à l’arrière de la scène, est plus marquée par une forte alternance au niveau des lumières.
Cette mise en avant du Centre culturel Kôrè, dans le cadre de son Week-end culturel, avoue Modibo Traoré, comédien campant le rôle principal dans la pièce et président de Kènè Art, est très importante pour eux : « Le centre Korè est un espoir pour les jeunes artistes. Ses planches font partie des plus respectées du Mali. C’est donc une expérience qui nous fait plaisir. »
Issouf Koné