Le professeur d’esthétique et critique d’art Chab Touré était l’invité du dernier numéro de la masterclasse « Karanga » du collectif Yamarou Photo, un cadre d’échanges et de partage visant à aider les artistes à questionner leur démarche artistique.
Le professeur d’esthétique et critique d’art malien Chab Touré était l’invité du numéro du samedi 13 mai 2023 de la masterclasse Karanga du collectif des photographes maliens Yamarou Photo, tenue à son siège à Bamako. Artistes photographes, danseurs, plasticiens, comédiens entre autres ont pris part à cette rencontre animée par l’un des fins connaisseurs de l’art autour du thème : Art et liberté.
Initié par Yamarou Photo dans le cadre de son projet Entre fragilité et rigidité, le concept Karanga (vestibule en dogon), se veut un espace de rencontre, d’échange et de réflexion entre des personnalités ayant une certaine expertise dans le domaine des arts et des jeunes artistes afin d’aider ces derniers à améliorer leur travail d’artiste tout en questionnant leur démarche artistique.

L’actrice-comédienne Fatoumata Coulibaly alias FC, les photographes Mamadou Konaté et Harandane Dicko et l’artiste peintre béninois Ludovic Fadaïro sont entre autres des artistes d’expérience ayant précédés le critique d’art dans le Karanga. « Nous pensons que ces échanges avec des personnes ressources peuvent aider les jeunes artistes à mieux appréhender les obstacles qu’ils ont d’aller vers la production d’œuvres de qualité », nous confie Seydou Camara, directeur artistique du collectif Yamarou Photo.
« La liberté pour un artiste, c’est le courage… »
Officiellement lancé en début d’année 2023, Entre fragilité et rigidité de Yamarou Photo, s’étalant sur trois ans, est un projet de développement communautaire à travers les arts notamment la photographie. Les ateliers de formation en photographie à Bamako et dans les régions du pays ainsi que l’espace Karanga sont ses activités, pour moment lancées.
Ce numéro avec Chab Touré avait pour objectif de permettre aux artistes d’avoir un autre regard averti sur leurs travaux. Aussi, leur donner des techniques qui leur permettront d’améliorer leurs créations. Les critiques, propositions, échanges autour des œuvres des artistes ainsi que des discussions sur la place de la liberté dans la création artistique ont étoffé cette rencontre.

« La liberté pour un artiste c’est le courage. C’est le courage d’essayer. Il y a, je crois, quelque chose qui n’est pas bien : la répétition. Or il n’y a pas un domaine où on parle de répétition plus que l’art. Mais la répétition pour un artiste c’est de faire et refaire jusqu’à connaitre le chemin par lequel on passe pour mieux faire. La liberté c’est comment je m’autorise à faire des choses que moi même je n’ai jamais faites pour arriver à un résultat qui me surprend et qui peut surprendre les autres aussi », explique Chab Touré.
Un artiste qui est libre n’a pas de contrainte. La liberté selon Chab Touré n’est pas seulement ce qu’on veut faire. « La liberté de l’artiste c’est qu’il refuse qu’on lui fasse faire ce que lui n’a pas envie de faire. Je fais ce qui me plait de faire. Si ça me plait alors ça peut plaire aussi aux autres. Si ça leur plait tant mieux, si ça ne leur plait pas tant mieux parce que dans les deux cas, j’aurais fait quelque chose qui leur aura marqué », ajoute le critique.
Une opportunité pour les artistes
Ils étaient une vingtaine d’artistes issus de diverses disciplines à prendre part à cette masterclasse. Le jeune plasticien Bakaridjan Sissoko est l’un des artistes dont les œuvres ont fait l’objet d’analyse et de critique par Chab Touré. « Entant qu’artiste, ma participation à cette séance m’aidera à améliorer la qualité de mon travail. Les critiques et les conseils que j’ai reçu de Chab vont me permettre de donner une orientation nouvelle à mon art », nous a confié l’artiste.

Le chorégraphe Lassina Koné à l’image de la plupart des artistes présents à cette rencontre, apprécie le concept Karanga et voient en lui une opportunité rare pour les jeunes artistes soucieux d’aller de l’avant dans leur travail : « Il n’y a rien de meilleur qu’une bonne transmission surtout pour un artiste. Tu as beau appris la pratique d’un art, ce sont les rencontres comme celles-ci qui construisent un vrai artiste. Ces rencontres intergénérationnelles sont des opportunités à saisir pour les artistes.»
Youssouf Koné