Tête d’affiche du Hip hop féminin au Mali, Ami Yerewolo fait parler d’elle au-delà de son pays. Dans le but de révéler des talents féminins qui aimeraient embrasser sa voie, elle a mis en place « le Mali a des rappeuse », un festival qui sera à sa cinquième édition cette année. Kone’xion Culture est allé à sa rencontre pour en savoir un peu plus sur l’évènement.
Kone’xion Culture : Parlez-nous un peu du concept « Le Mali a des rappeuses », comment est-il né ?
Ami Yerewolo : L’idée est partie du fait qu’en tant que seule femme qui bénéficiait d’une certaine reconnaissance parmi les hommes rappeurs au Mali, j’ai su que ça serait difficile pour moi de relever tous les défis. Et lorsque j’ai participé au festival Urbaine Women Week au Sénégal, en 2018, j’ai vu qu’il y avait beaucoup de rappeuses qui venaient de partout. Nous avons pris part à des tables rondes intéressantes. C’était une occasion pour se livrer, pour parler de soi, raconter son histoire. Et cette expérience m’a beaucoup apporté.
Je me suis dit par la suite que ce serait bien de faire quelque chose qui va dans ce sens au Mali, à travers un concept qui révèlerait des rappeuses. En effet, je savais que des filles qui souhaitaient embrasser ce chemin ne manquaient pas mais qu’il fallait un événement révélateur. Le Mali a des rappeuses à pour objectif, non seulement de créer des liens entre les rappeuses maliennes afin qu’on puisse avancer ensemble mais aussi de permettre de partager des expériences, les leurs et les miennes, que j’ai pu rassembler tout au long de mon modeste parcours. Le partage est l’idée principal.
KC : Comment l’évènement est-il devenu un festival ?
Ami Yerewolo : A la première édition, nous avons fait un concours et des prestations. Mais j’ai vu à quel point la deuxième édition avait aidé les jeunes femmes, notamment à travers les ateliers. C’est de cette deuxième édition, que l’idée de déboucher sur le festival est née. Et la plus importante part du festival concerne la formation car bien que la culture malienne soit mondialement reconnue, la formation des artistes fait défaut.
Sans prétention, aucune, si je n’avais pas eu le courage de m’autoproduire, de me manager moi-même pendant 10 ans, je n’aurais peut-être jamais bénéficié de cette reconnaissance que j’ai aujourd’hui. Pour vous dire que ce n’est pas facile pour les femmes. Je pense donc que les séries de formation sont utiles pour mes sœurs car elles peuvent alléger leur parcours.
Chaque année, on essaie de trouver un thème et on fait des formations tout en imposant aux jeunes femmes qui font le concours de nous faire des textes s’y rapportant. Cette année, le thème retenu est « L’entrepreneuriat au féminin, défis et perspectives ». Mais on propose aussi d’autres ateliers qui ne sont pas forcement rattachés au thème du festival.
KC : Quels sont les objectifs du festival « Le Mali à des rappeuses » ?
Ami Yerewolo : Le festival a pour objectif de montrer qu’au-delà des mots et de tout ce qu’on peut penser, le rap aussi peut éduquer, il peut apporter sa contribution au développement de la société. Nous voulons apporter un soutien à la culture malienne, à travers toutes les activités culturelles qui se tiennent dans le cadre de cette initiative.
Pour le moment, nous sommes au stade d’un festival mais la structure qui organise, Denfari Evénementiel, veut aller plus loin. La préoccupation actuelle est de bien faire ce festival et à côté, organiser des activités en parallèle, voir avec les idées et les moyens, les faisabilités.
KC : Quand est-ce que la prochaine édition aura lieu et comment se passera-t-elle ?
La prochaine édition aura lieu du 24 au 27 août 2022. Les trois premiers jours, il se tiendra de 9 heures à 15 heures au palais de la culture. Le 27 août, se tiendra la clôture, avec le concours et le spectacle 100% Hip hop au féminin sur le terrain de Simpara à Ouezzinbougou.
Le mercredi, jours de l’ouverture du festival, on fera un atelier de formation en entrepreneuriat et en développement personnel. Il sera animé par madame Boré Aminata. Le deuxième jour du festival, le 25 août, de 10 heures à 14 heures, des ateliers de formations en communication digitale auront lieu. Le troisième jour, un atelier se fera en écriture de texte et en programmation de chanson, animé par moi-même et Zack Prod.
Pour participer au festival, il faut contacter l’équipe et signaler l’objet. Que ce soit pour une prestation ou pour participer au concours, toutes les informations sont sur les affiches.
KC : Quel bilan peut-on dresser de toutes les éditions passées ?
En termes de bilan, il est satisfaisant car on apporte ce qu’on peut apporter et les filles s’en servent pour leur carrière. Beaucoup d’entre elles qui sont sur la scène Hip hop au Mali sont passées par ce festival et c’est un honneur. Elles font parler d’elles petit à petit et cela prouve que les choses avancent.
Issouf Koné