Galerie Médina : la première décennie de toutes les ambitions

La galerie Médina, désormais incontournable dans la sphère artistique malienne, célèbre ce samedi 10 décembre 2022 ses 10 ans d’existence. Pour cet événement majeur, la galerie a décidé de faire peau neuve. Une rénovation qui la permettra non seulement de renforcer sa capacité d’accueil mais aussi de réfléchir sur son identité d’institution culturelle.

Une exposition intitulée Le Grenier de la Medina est l’amorce de la nouvelle ère de la galerie. Cette exposition Top 10, dont le vernissage est prévu ce samedi 10 décembre 2022, se veut une rétrospection sur quelques points importants des 10 dernières années de la galerie, notamment des expositions qui ont marqué les esprits.

Travaux de rénovation de la galerie Médina

Cette exposition assez spéciale, se tiendra avec un système de commissariat à plusieurs niveaux. Cette célébration est celle de de la réflexion avec tous les artistes qui sont passés et toutes leurs expériences. « Parce qu’un bâtiment doit avoir du vécu et le vécu c’est de l’expérience. Cette exposition de 10 ans qui aura un petit côté passéiste et un autre futuriste », explique Igo Diarra, directeur de la Galerie Médina.

Le Grenier de la Médina est le fruit d’un challenge constant, une réflexion sur soi-même, un besoin de s’écouter pour mieux se retrouver. Ce n’est cependant pas un monologue car écouter les autres aussi est très important explique le directeur. « En écoutant les autres, on peut sentir les besoins par rapport à l’artistique afin de savoir ce qu’il faut améliorer. C’est une écoute à l’endroit de différents courants artistiques du Mali, de l’Afrique et du monde. »

Espoir et innovation

L’espoir qui anime la galerie et ses porteurs est grande. Conscients de ce que représente 10 ans, qui n’est pas 10 jours, encore moins 10 mois ou 10 siècles, ils ont décidé de considérer chaque jour comme un nouveau pas, une occasion de se remettre en cause de manière constante pour essayer d’offrir toujours le mieux possible à la société, aux artistes et à la communauté. « Ceux qui connaissent bien la galerie Médina savent que l’innovation fait partie de notre philosophie. Il y a toujours ce perpétuel changement architectural qui est là et nous voulons être dans l’esprit de la perfection », ajoute le directeur évoquant les motivations de la rénovation de la galerie.

Igo Diarra, directeur de la galerie Médina

L’expérience obtenue au bout de 10 ans n’est quand même pas négligeable. Elle a permis aux acteurs de la galerie de se rendre à l’évidence que l’infrastructure a un rôle important dans la culture et qu’il en manque cruellement au Mali.

En effet, pour ses 10 ans de célébration, la galerie a décidé de faire peau neuve. C’est une grande rénovation du bâtiment qui va permettre de non seulement lui donner un visage nouveau mais aussi d’élargir ses espaces d’exposition afin d’accueillir plus d’artistes et événements culturels maliens et internationaux. « Il y a une partie correction du bâtiment et une partie amélioration. Une partie de l’administration va à l’étage afin qu’il y ait plus de surface en bas. On grimpera également au niveau 2 où il y aura une nouvelle surface », explique-t-il.

Le concept « Galerie culturelle »

Au-delà de l’aspect infrastructurel, cette célébration des 10 ans de la galerie engage également une réflexion sur l’identité d’espace culturel de de la Medina dont le directeur trouve que la notion de galerie tout court a une connotation marchande, commerciale : « Nous, n’avons pas vraiment cet esprit mercantile de la chose jusqu’à un certain niveau, c’est pourquoi nous faisons beaucoup de projets expérimentaux qui ne sont pas destinés à la vente ». Déjà ouverte à plusieurs disciplines artistiques comme la littérature, la mode, la musique entre autres, la galerie Médina entend s’ouvrir davantage aux disciplines artistiques en passant au concept « galerie culturelle ». 

Travaux de rénovation de la galerie Médina

En 10 ans, de nombreuses expositions ont été présenté à la galerie Médina. Parmi elles, une sur les photos et objets du premier Président de la République du Mali dont la voiture a été donné au Mémorial Modibo Kéita. 

Le bilan, rassure monsieur Diarra, est positif. Selon lui, c’est un bilan humble parce que l’humilité est la caractéristique fondamentale de la galerie Médina. Il a un sentiment d’accomplissement car la galerie, de par ses réalisations, d’une manière ou d’une autre, a contribué à l’histoire contemporaine du Mali. « Nous sommes fiers d’avoir organisé et d’avoir exposé pour la 1ere fois les 3 Grammy Awards d’Ali Farka Touré. Nous avons aussi restitué la bataille de Kona et nous sommes un site officiel de la Biennale africaine de la photographie. A documenta, nous faisons partie de ceux qui ont présenté les premières restitutions africaines ».

La galerie Médina a aussi accueilli beaucoup d’artistes africains. Igo Diarra, dans ce sens, confie qu’elle est un espace africain ouvert au monde, l’un des objectifs majeurs étant justement de faire participer les artistes maliens à la scène internationale, lors d’événements importants comme Arts X Lagos, la biennale de Dakar etc.

La galerie a travaillé les 10 dernières années avec le fleuron de la créativité malienne, des plus connus aux anonymes. Quelque chose qui a instauré une sorte de confiance entre les artistes et elle. « Nous pouvons dire qu’on contribue au rayonnement des arts et de la culture dans le paysage urbain bamakois, malien et africain. »

Siégé dans le Top 10 du gotha africain

L’ambition majeure selon M. Diarra est de toujours faire mieux, d’être dans les institutions maliennes les plus importantes et être dans le Top 10 du gotha africain, se compter parmi les espaces qui comptent sur le continent et parmi ceux qui ont un point de vue, qui s’ouvrent aux autres en Afrique et dans le monde.

Travaux de rénovation de la galerie Médina

L’exposition Top 10 est soutenue par AWA qui est un projet de l’Union européenne, un partenaire assez important.

« Pour la rénovation, il faut féliciter Donko Ni Maaya dont on a bénéficié du financement. Beaucoup de bailleurs ont peur d’investir dans le béton or l’infrastructure est un maillon essentiel de la créativité. », termine M. Diarra. 

Youssouf Koné / Issouf Koné

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