Reckma : le Kotèba renait de ses cendres dans le Bèlèdougou

La 2e édition des Rencontres culturelles de kotèba de Massantola, localité située dans le cercle de Kolokani (région de Koulikoro) au nord de la capitale Bamako, a été meublée de prestations d’une dizaine de troupes de Kotèba et de Tièblentiè issues d’une quarantaine de villages de la commune de Massantola.

Cette édition a aussi été marquée par la prestation de la cantatrice Mariam Bagayoko, icône de la musique traditionnelle du Bèlèdougou ainsi que par une conférence débat autour du thème Le Kotèba, une école, animée par Adama Traoré, homme de théâtre et non moins directeur de l’association culturelle Acte Sept.    

Le Kotèba est une organisation sociale non initiatique, regroupant les jeunes (filles et garçons) d’un même village. Le chanteur principal du ‘’kotè’’ est appelé ‘’kotèkono’’. C’est une organisation de jeunes du même village sans distinction de sexe et de religion. Il ne tient pas compte du statut social des jeunes. Le kotèba est un vecteur de socialisation de tous les enfants en les réunissant dans une même organisation dont ils ont eux-mêmes la direction.

Préserver l’équilibre et la cohésion sociale

Ces jeunes qui composent cette organisation élaborent et mettent en œuvre leurs propres programmes d’activités et organisent leurs manifestations et évènements de réjouissances comme les soirées de Kotèba qui sont une forme théâtrale partie prenante de l’action sociale qui a plus de deux siècles d’existence.

Pratique ancienne de la société bambara, le Kotèba est un facteur de maintien et de renforcement de la cohésion de la communauté par le rétablissement des valeurs sociales, spirituelles et morales de la société. Il est basé sur les vertus du travail, de l’entraide, de la gestion communautaire des ressources (humaines et matérielles) du village. Le Kotèba met tout en œuvre pour préserver l’équilibre et la cohésion sociale.

Toutefois, cette pratique est aujourd’hui de plus en plus délaissée dans le Bèlèdougou, considéré comme l’une des zones qui le pratiquaient le plus. Et l’objectif des Rencontres culturelles de Kotèba de Masssantola (Reckma) est de contribuer à la préservation et à la valorisation de cette pratique ancestrale. « Il y a des décennies maintenant que cette pratique se fait rare dans la commune de Massantola et environnant. Le kotèba est un patrimoine culturel immatériel de cette zone qui est en voie de disparation. Depuis le décès de mon oncle, Niamanto Diarra, l’un des derniers percussionnistes du Kotèba de Massantola en 2003, cette pratique n’était plus pratiquée dans le village. Nous voulons à travers ces rencontres lui redonner vie », nous explique Mahamane Diarra, initiateur de ces rencontres.

Une initiative salutaire

La rareté des pluies, la désertification, l’appauvrissement des terres et l’extrême pauvreté des populations conduisent les jeunes du Bélédougou à emprunter le chemin de l’exode. Toute chose qui entraine ce délaissement de la pratique dans les villages qui se vident des jeunes en âge de perpétuer la tradition. « Nous ne pouvons que saluer et encourager cette initiative. La commune de Massantola compte 49 villages et le Kotèba n’était pratiqué que dans deux ou trois villages depuis des décennies maintenant. Mais aujourd’hui, nous sommes fiers de le voir considéré comme l’une de nos plus importantes anciennes valeurs refaire surface dans nos villages», se réjouit Adama Kané, habitant de Massantola et fervent défenseur de la tradition.

Des troupes d’étudiants en art dramatique et danse de l’Institut national des arts (INA) et du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasseké Kouyaté de Bamako ont également présenté des spectacles lors de cette 2e édition des Reckma.

 Youssouf Koné

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